vendredi 28 septembre 2012

Bienvenue !

Bonjour et bienvenue à tous !

Grâce à ce blog, vous pourrez suivre notre périple à travers 3 sections :
  • "la vie du projet" vous donnera toutes les informations relatives aux projets : présentation, actualités, réalisation, difficultés rencontrées... Bref, tout !
  • "tourisme", comme son nom l'indique, rendra compte de l'aspect culturel du voyage : rencontres, découvertes culinaires, paysages plus incroyables les uns que les autres... de quoi éveiller vos sens !
  • "pour les écoles", enfin, est destiné à la correspondance avec les deux écoles et collèges qui ont accepté de nous suivre et de nous soutenir. Le niveau de langue sera adapté à un public plus jeune.
Bonne visite !





jeudi 12 juillet 2012

Mais pourquoi n'y a-t-il plus de mise à jour??

Salut tout le monde!

Comme l'avez certainement remarqué, nous n'avons mis qu'un article depuis que nous sommes en Equateur... En fait c'est parce que tout ce passe très mal et que nous ne voulons pas écrire des articles simplement pour nous plaindre!

Non je plaisante ^^ L'association pour laquelle nous travaillons ici, nous oblige (de vrai tortionnaire) à tenir un autre blog, et en vérité c'est assez compliqué de mettre à jour les deux, donc voici simplement l'adresse de l'autre blog- où il y a déjà pas moins de 4 articles woooooooouuuuuu :
http://hoequateur.over-blog.net/

Voilà, vous pouvez maintenant continuer à suivre nos fabuleuses aventures!

A bientot donc.

mercredi 27 juin 2012

Ecuadorrrr!


         On me dit dans l’oreillette qu’on ne vous aurait pas encore informé de notre arrivée en Equateur. Et bien c’est désormais chose faite! 

        Après un passage de frontière à pied,  accompagnés de nos sacs disposés sur une charrette, nous avons rallié Quito, capitale du pays pour quelques jours de découverte de la ville. Une première impression du pays réussie, qui s’est confirmée par la suite lorsque nous avons pris la direction de Misahualli, une toute petite ville située dans la forêt amazonienne, aussi appelée jungle, ou encore selva en espagnol. Les singes qui peuplent la place centrale à toute heure de la journée nous ont permis de réaliser que nous vivions une expérience hors du commun. Et les 4 jours que nous avons passés en pleine jungle ensuite nous ont propulsés dans une autre dimension. Vivre loin de tout, dans la forêt la plus riche du monde, s’y balader en pleine nuit pour observer la faune, apprendre les rudiments pour y survivre grâce à un guide Kichwa pour qui les arbres sont des rues dont il connaît le nom par coeur, voilà ce que nous avons vécu. Et une question s’impose au bout de ces 4 jours: quand est-ce qu’on y retourne? 

 Dans la famille jungle, je voudrais les gringos


 Attention où tu mets les pieds...              Nelson, notre guide Kichwa

L'équipe de choc

          Mais, depuis le début de cette aventure, nous enchaînons des expériences toutes plus folles les unes que les autres. Et, en prenant la direction de Puyo, nous ne doutions pas encore de ce qui nous attendait.  Cela fait désormais presque 2 semaines que nous avons installé notre campement dans cette ville quelque peu banale, au contraire de Misahualli. Alors quand je dis que nous avons installé notre campement, nous ne sommes pas allés jusqu’à planter les piquets pour la tente et chausser nos plus belles tongs pour aller jouer à la pétanque, non (personnellement je n’ai plus de tongs de toute façon, elles m’ont traîtreusement lâché il y a peu). Ce que j’appelle le “campement”,  c’est un hôtel très bon marché qui pratique l’élevage de poussins dans l’arrière-cour, et dont les murs sont si peu épais qu’on entendrait presque le voisin du bout ronfler (et Dieu sait qu’il ronfle l’animal!). 

       Hormis ces quelques originalités, on parvient sans difficulté à s’en sortir, car, vous l’aurez compris, nous vivons d’amour et d’eau fraîche, saltimbanques que nous sommes. Mais venons-en au fait: et le projet alors? Petit rappel pour les distraits qui auraient oublié de quoi  ça s’agit: nous travaillons à la construction d’un musée vivant de la culture Shuar, ethnie indigène, qui permettra de défendre cette culture qui se perd avec la modernisation actuelle. Celui-ci portera le nom de “Casa de la Sabiduría”, c’est-à-dire “Maison de la Sagesse”. Ce projet est né de l’idée de Francisco et María, couple de shuars vivant à Puyo, qui souhaitent sauvegarder un héritage culturel dont nous avons déjà pu constater la richesse. Nous soutenons aussi une communauté shuar vivant en pleine forêt amazonienne. Celle-ci se développe depuis quelques années grâce au soutien de l’association française dont nous sommes membres depuis quelques mois, Heaven On Earth.
Nous travaillons donc depuis 2 semaines avec Francisco et María à la poursuite de la construction du musée. La charpente et le toit sont aujourd’hui en place, grâce à l’action des groupes français qui nous ont précédés. Il reste donc les murs du rez-de-chaussée et de l’étage à poser, le sol de l’étage, un escalier et des sanitaires. Nous sommes actuellement en train de voir ce que nous pouvons faire cette année. Nous avons toutes les informations en notre possession pour se décider (devis, prix des matériaux et de la main d’oeuvre), après consultation à plusieurs reprises du maître d’oeuvre (“maestro”en espagnol, terme quelque peu excessif si on lui donnait le sens qu’il a en français, étant donné le professionnalisme de l’artiste). Dans le même temps, nous réfléchissons à d’autres petits projets éventuels qui contribueraient à défendre la culture shuar et qui se marieraient bien avec la Casa.


La Casa de la Sabiduría, rayonnante ça va de soit 
(de g. à d. Le maestro, Francisco, Clément, Kathy, Nico, Maria, Christian et John) 

         Voilà, ça c’était la partie projet. Mais comme il n’y a pas que le travail dans la vie, parlons un peu du reste. Et bien cela concerne aussi Francisco et María, et toute la famille. Cette dernière est tellement grande qu’on se demandait à qui on parlait au départ. En résumé, Francisco et María ont 3 enfants: un fils de 19 ans, Brian, une fille de 16 ans, Alexandra, et une autre fille de 13 ans, Natalia. On a peu vu le fils mais les deux filles sont adorables et nous accompagnent régulièrement jouer au foot ou au basket. Oui parce qu’on a aussi bien sympathisé avec le neveu de María, adepte des parties de foot à 5. On va donc très régulièrement jouer, et il n’est pas rare, comme je vous le disais, que la famille nous accompagne. Si on ajoute à cela les cousins et cousines et les amis proches, vous pouvez imaginer qu’on en a fait des rencontres! Et quand tout ce petit monde se retrouve pour fêter l’anniversaire de Brian dans la Choza (maison traditionnelle shuar en bois) construite à côté de la maison de Francisco et María, ça donne un vrai bon moment avec apprentissage de danse et  délires en tous genres. 

 Devant la Choza

 A Ambato


Maria et ses deux filles Nathaly et Alexandra
       

         En résumé, quand on arrive à conjuguer travail et bons moments avec les mêmes personnes, le temps passe vite. Espérons que ça dure, mais en tout cas c’est parti pour.
Allez, je vous laisse, à bientôt pour de nouvelles aventures!
CV.

L'empereur mégalo


            Bonjour à tous ! Comme promis, voilà le dernier chapitre de notre extraordinaire aventure péruvienne, l’ultime volet de notre folle escapade touristique dans ce pays magnifique. Alors certes on a pris un peu de retard dans l’écriture du blog, puisque ça fait maintenant plus de 2 semaines que nous avons posé nos valises en Equateur. Mais que voulez-vous nous sommes tout simplement débordés, entre les multiples sorties liées au projet et surtout les rencards incessants que nous donnent les équatoriennes. Mais je vous jure que ça valait le coup d’attendre, car nous allons finir en fanfare avec la :

4ème étape : Cusco, la Vallée Sacrée et le Machu Picchu

            Rien qu’à l’évocation de ces noms que tout le monde ou presque a déjà croisé au moins une fois dans sa vie (cf. Garou), ce dernier chapitre s’entoure d’une aura de mystère et de légende. Et vous allez vous rendre compte qu’elle n’est en rien usurpée.

            Cusco, d’abord (ou Cuzco). Si elle a inspiré à Disney une sombre histoire d’empereur qui se transforme en lama pour apprendre à cracher plus loin, c’est avant tout une ville, et pas n’importe laquelle, puisqu’elle fut la capitale de l’empire inca (elle répondait alors au doux nom de Tawantinsuyu). Elle est située au sud-est du Pérou, à la limite est des Andes, ce qui lui offre une honorable altitude de 3 400 m. La légende veut qu’elle ait été fondée entre le XIe et le XIIe siècle par le premier Inca Manco Capac lui-même, et sa femme, Mama Ocllo, juste après leur naissance épique dans les eaux du lac Titikaka.

Tiens, ça me fait penser que j’ai oublié de vous dire à combien d’heures de bus on a eu droit cette fois-ci, pour rallier Cusco depuis La Paz. Faites vos jeux, les paris sont ouverts ! Un indice, ce fut encore un voyage long et fastidieux, avec notamment un passage de frontière difficile. Celui d’entre vous qui trouvera la bonne réponse, qui est 13h, remportera une photo dédicacée de Julien et Clément en pagne dans la jungle.

Tout ça pour dire que Cusco est une ville splendide, probablement la plus belle que l’on ait vue jusqu’à présent en Amérique du sud. Petites rues pentues pleines de charme, Plaza de armas vaste et majestueuse avec ses arcades et sa cathédrale, collines verdoyantes cachant des ruines chargées d’histoire… Un vrai régal pour les yeux.

La Place d’armes, prise depuis la terrasse d’un bar, quel hasard…

            Lors de notre séjour dans la ville, nous avons assisté à une manifestation de professeurs des écoles qui nous a rappelé notre bonne vieille patrie, mais surtout à une démonstration de danses traditionnelles proposée par des groupes venus des quatre coins du pays rivalisant de virtuosité et vêtus de costumes plus bariolés les uns que les autres. On s’est bien essayé à quelques pas, mais il semblerait qu’on soit définitivement perdus pour la danse.


Et on fait tourner les jupettes…

            Apparemment, les environs directs de Cusco valent également le détour. Malheureusement, notre timing serré et nos bourses bien vides (esprits tordus s’abstenir) après deux semaines de tourisme ne nous ont pas permis d’aller vérifier par nous-mêmes. Mais c’était pour mieux profiter de ce qui allait suivre : la visite del Valle Sagrado, la Vallée Sacrée des Incas.

            Baignée par la rivière Urubamba, sacrée elle aussi, elle fut très appréciée des Incas pour son climat propice à l’agriculture (culture du maïs notamment) et pour ses richesses naturelles. Elle regroupe aujourd’hui de très nombreux sites archéologiques incas et abrite encore quelques communautés indigènes isolées sur les hauteurs. On y trouve aussi des mines de sel, qui lui en revanche n’est pas sacré.


 La vallée ça crée des liens

            Nous nous sommes arrêtés à Pisaq, petit village typique célèbre pour son marché artisanal qui propose bijoux, tissus et autres curiosités. Les marchands étaient tellement bons vendeurs qu’on n’a pas pu s’empêcher de dévaliser les étals, c’est papa et maman qui vont être contents, ils pourront bientôt redécorer le salon.
            Mais Pisaq, ce n’est pas seulement un traquenard d’où vous repartez sans le sou et les bras chargés de bric-à-brac, c’est aussi un complexe archéologique majeur, construit à flanc de falaise dans un cadre majestueux. Il rassemble temples, citadelle et cultures en terrasses, preuve que le site a cumulé à la fois des fonctions religieuse, militaire et agricole. Impressionnant de voir comment les Incas ont réussi à dompter la montagne et son relief capricieux.

Malheureusement, les espagnols vinrent pis saccagèrent tout

            Mais nous n’avions encore rien vu du génie architectural inca. Quelques kilomètres plus loin, le site d’Ollantaytambo est une pure merveille. Dans les hauteurs, à 2 800 m d’altitude, siège une forteresse massive qui fut l’objet de combats acharnés entre les conquistadors espagnols et les résistants incas après la chute de Cusco. Elle se présente sous la forme de gigantesques gradins qui rendent l’ascension difficile pour les éventuels assaillants. Tout au sommet rayonne un temple qui devait rester à jamais inachevé, mais on peut ainsi mieux voir avec quelle précision ils taillaient les blocs de pierre rouge, qui s’emboîtent parfaitement (tel un célébrissime jeu de construction danois pour enfants et grands enfants dont je tairai le nom). Imaginez la force de travail titanesque qu’il a fallu réunir pour faire monter ici, à l’aide de simples plans inclinés, des rocs de plusieurs tonnes, extraits dans une carrière éloignée de plus de 6 km ! 


 Féroces guerriers incas en costume traditionnel défendant corps et âme la forteresse

            Le village d’Ollantaytambo vaut encore plus le détour, puisque c’est l’un des seuls vestiges de l’architecture urbaine inca. Les rues sont agencées en forme d’épi de maïs, les maisons représentant les grains, séparés les uns des autres par un système de canaux. Le tout présente un cachet certain et offre une incroyable sensation de quiétude, et l’on se surprend à déambuler au hasard dans ces ruelles étroites au charme d’un autre temps.

Le village inca d’Ollantaytambo. Note à benêt : l’enseigne n’est pas d’époque

Nous grimpons ensuite dans le train qui nous conduit jusqu’à Aguas Calientes, porte du Machu Picchu. On ne peut pas deviner le site d’ici, mais rien que de se tenir au pied des montagnes est déjà très impressionnant. Nous nous empressons de nous blottir dans les couvertures d’un hôtel fort chic pour récupérer de cette journée riche en émotions et surtout pour pouvoir profiter au maximum de ce qui nous attend le lendemain…

Quand on vous dit qu’on est « au pied » des montagnes, ce n’est pas un abus de langage !

            Tout le monde se lève plein d’excitation, sauf Julien, qui à force de se vanter sans cesse que lui est toujours en pleine forme alors que ses petits camarades souffrent régulièrement de problèmes digestifs, a fini par réveiller une vieille malédiction inca pile poil le mauvais jour : le voilà malade au moment de visiter l’un des plus beaux sites du monde !
            Entre Cordillère des Andes et forêt amazonienne, entre histoire et légende, entre sanctuaire religieux et résidence du grand Inca Pachacutec, une chose est sûre : la cité inca du Machu Picchu est un lieu magique, mystique, et je vais vite manquer de superlatifs pour décrire la splendeur de ces ruines et l’atmosphère surréaliste qui s’en dégage. Construit au XVe siècle, classé Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983, il n’a pas usurpé son titre pourtant officieux de Merveille du monde moderne. Force est de constater que malgré ses 400 000 visiteurs par an, les mesures de protection du site sont plutôt efficaces, l’ensemble se montrant propre, bien conservé (en dépit des assauts incessants d’un lichen destructeur) et préservé des fléaux du tourisme de masse.
            Perché à 2 400 m d’altitude, entre le mont Huayna Picchu (montagne jeune en quechua) et le mont Machu Picchu (montagne vieille) qui lui a donné son nom, ce joyau du génie inca abritait dans ses rues et ses maisons aux murs faits de pierres grossièrement taillées liées par de la terre un petit millier d’habitants probablement issus de la noblesse. Mais les mots ne suffisent pas, place aux images :


Vue d’ensemble du site, avec en fond le Huayna Picchu. Si vous basculez la photo de 90° vers la gauche, vous distinguerez sans peine le visage de l’Inca se dessiner dans les montagnes.
En revanche, basculer la photo de 180° vers la gauche ou la droite ne vous fera rien voir de plus, à moins que vous ne soyez sous l’emprise d’une quelconque substance illicite.


Dans ma té-ci c’est la sère-mi y’a rien à faire tout est en ruines

            On a emprunté le chemin de l’Inca originel, qui nous a tous mené, après 2h de marche dans un panorama idyllique, jusqu’à la Porte du soleil (sauf Julien, qui payait là le prix de son impertinence et se contentait de visiter dans le détail les majestueuses toilettes du Machu Picchu).


 La Porte du soleil (mais aussi de quelques nuages)

            L’après-midi, la plupart des autres touristes ayant levé le camp, on a pu profiter du site pour nous seuls ou presque, ce qui nous a permis de débusquer les nouveaux maîtres des lieux, à savoir les lamas, les mille-pattes géants et les lapins-écureuils.

Des oreilles de lapin, une queue d’écureuil, je vous présente le lapin andin (qui n’a rien de crétin)


Pause goûter


Quels visionnaires, ces Incas : ils avaient même prévu des tribunes pour accueillir les futurs nombreux visiteurs (lol mdr ptdr) !

            Voilà, je pourrais vous montrer des photos pendant des heures, même si elles ne rendent pas justice à la beauté du site et surtout à l’incroyable puissance mystique qu’il dégage, qui nous fait croire sans peine qu’on pourrait croiser un véritable inca au prochain coin de rue. C’est à regret que nous quittons les lieux, en nous jurant de faire partager notre visite au plus grand nombre et de revenir un jour.

            C’en est fini de notre tour du Pérou en 20 jours. Enfin quand je dis fini, j’oublie les 20h de bus entre Cusco et Lima, puis les 15h pour rallier Cajamarca et nous remettre péniblement au travail, portant ainsi notre total à 103h de bus ! Mais qu’est-ce que ça en valait le coup ! Après avoir vu ça on envisage sérieusement de s’acheter chacun une nouvelle paire d’yeux, histoire de s’assurer que ceux-là ne perdent pas une miette des images sublimes amassées lors de notre périple !
J’espère qu’à travers cette série d’articles vous aurez pu vous faire une idée des splendeurs de ce pays aux paysages si variés qu’ils n’ont en commun que leur beauté, et que malgré mes calembours intempestifs vous aurez pris plaisir à voyager un peu avec nous. Nous en tout cas avons vécu une expérience véritablement unique, et c’est un bonheur de vous la faire partager.

NG

mercredi 13 juin 2012

Bonnes soeurs, condors et feuilles de coca


Non mais vous n’avez quand même pas cru que j’allais me contenter d’un tel torchon simplement parce que je suis entouré d’incultes illettrés intellectuellement inaptes ? Je refuse de m’incliner devant la première critique. Surtout que je sais bien qu’au fond ils les aiment mes articles. Ils disent ça rien que pour m’embêter. Alors oui il est vrai que de temps à autres je me laisse emporter et que j’ai tendance à écrire des pavés, mais c’est avant tout pour occuper un peu vos mornes journées européennes (et aussi un peu pour les faire râler).
Reprenons notre agréable balade touristique, mais cette fois dans ce style joyeux et dynamique que vous appréciez tant (ou pas) :

3ème étape : Arequipa, Titikaka et Bolivie

                Après la côte Pacifique et le désert, notre périple nous mène (via 13h de bus supplémentaires) jusqu’à Arequipa, deuxième plus grande ville du Pérou (derrière Lima), tout au sud du pays. Dotée d’une situation exceptionnelle au milieu des volcans, dont le Misti (5 800 m d’altitude) au sommet éternellement enneigé, elle conserve un charme indéniable malgré les nombreux épisodes sismiques qui l’ont ébranlée ces dernières années. Le sillar, la pierre blanche des volcans qui constitue l’essentiel de son architecture, lui donne un aspect propre et soigné, notamment dans le centre colonial et ses arcades
.
 C’est propre, pigé ?

                Parmi les principaux sites dignes d’intérêt, le monastère Santa Catalina : fondé en 1580 mais ouvert au public seulement en 1970, il abritait (et abrite encore) une centaine de religieuses issues des plus grandes familles de la région. Construit comme une forteresse, c’est une véritable ville dans la ville, avec ses jardins soigneusement entretenus, ses cuisines communes et ses ruelles étroites menant des cloîtres orangés ou bleutés aux minuscules cellules où les nonnes vivaient recluses. Enfin, quand je dis minuscules, je ne parle pas des chambres des mères supérieures, vastes et richement meublées. A en juger par leurs portraits sur les murs, ces femmes n’avaient d’austère que le caractère et mangeaient plus qu’à leur faim. On comprend facilement à qui étaient destinées les confortables dots que les jeunes filles de bonne famille apportaient à leur entrée au couvent… Les bâtiments, dont certains sont ornés de grandes fresques religieuses sur l’extérieur, hébergent une riche collection de peintures ainsi qu’un musée archéologique.

 Ici, la mona se terre

                Si la visite d’Arequipa ville fut paisible et reposante, la suite allait l’être beaucoup moins. Nous avons décidé de nous lancer dans un trek (randonnée) de 2 jours dans le mythique Cañon del Colca, plus profond encore, semble-t-il, que le Grand Canyon du Colorado (il y a à ce sujet une amusante polémique entre péruviens et américains pour savoir qui a le plus gros : un des versants du Colca offrant un dénivelé vertigineux de 3 000 m mais le deuxième de « seulement » 1 200 m, le Grand Canyon est toujours universellement considéré comme le plus grand du monde… sauf par les péruviens). Mais laissons-là ces querelles de clochers et revenons à nos lamas. Je vous détaille rapidement le programme, que vous vous rendiez compte du côté un peu dingue de l’entreprise. Lever difficile à 2h30 du matin puis 3h de bus pour rallier la Cruz del condor. Comme son nom l’indique, elle représente un point de vue privilégié pour observer ces splendides rapaces, qui atteignent tout de même 3 m d’envergure ailes dépliées. Heureusement qu’ils sont exclusivement charognards, sinon les élevages de lamas et d’alpagas des environs ne seraient plus qu’un tas de laine.

Petit petit petit !

                C’est là que prend fin la phase « tourisme passif » et que débute la phase « tourisme sportif ». Sac sur le dos, chaussures de rando, beau chapeau, short et maillot, nous voilà partis pour 6 heures de marche parmi les paysages enchanteurs du Cañon. Alors certes, pour le moment nous faisons essentiellement de la descente (pour le moment…), mais avec le soleil qui cogne dur et le terrain accidenté, nous sommes bien contents d’atteindre le fond de la vallée et l’oasis où nous passerons la nuit.

                Si la piscine de « l’hôtel » est appréciable pour nos jambes fatiguées, en revanche nous n’avions pas prévu l’absence d’eau chaude et d’électricité. Ça tombe bien, on a oublié les lampes de poche, et c’est donc à l’aveuglette que nous rejoignons nos chambres. Impossible du coup d’identifier les insectes nichant dans nos lits.

 Quel gros cañon, il paraît au moins aussi gros que le Grand Canyon

De toutes manières, nous n’avons pas vraiment eu le temps de faire connaissance avec les bestioles, car le lendemain 5h, rebelote, réveil encore plus difficile et c’est reparti pour la rando, sauf que cette fois il faut surmonter les 1 200 m de grimpette… Une fois n’est pas coutume, Cloé a fait preuve de bon sens et a loué une mule qui lui évitera d’avoir à affronter la montée infernale. Bien lui en a pris, car il faut avouer que cette deuxième journée de marche fut pour le moins physique (surtout qu’on était à jeun, l’horreur). Enfin, pas pour tout le monde, puisque tandis que nous luttons péniblement pour hisser nos carcasses fourbues jusqu’au prochain col, notre guide, lui, parait voler au-dessus des cailloux. Pire, un sympathique canadien que nous avions déjà rencontré et sa charmante femme, enceinte de 4 mois à peine, nous doublent allègrement à l’approche du sommet… A notre décharge, c’étaient des habitués de la grande randonnée, ce qui n’est pas vraiment notre cas.

A maintes reprises nous avons cru que le plus dur était derrière nous, le chemin laissant croire que nous avions atteint le sommet, mais le virage suivant masquait en fait un nouvel écueil, puis un autre… Heureusement le décor de carte postale qui s’offrait à nos yeux nous redonnait du baume au cœur à chacune de nos (multiples) pauses. Nous avons bien fini par arriver (et avant Cloé s’il vous plaît, bien que sa mule ait tenté plusieurs dépassements délicats à flanc de falaise pour gagner du temps, elle portait un trop lourd fardeau), exténués mais heureux d’avoir réussi. Et puis le spectacle du cañon en contrebas constitue à lui seul une récompense qui vaut bien quelques sacrifices.

 Cloé la feignasse et sa pauvre mule

                Après avoir englouti un petit-déjeuner qui nous a semblé le meilleur de notre vie, nous retrouvons notre bus, qui nous amène, ô bonheur, jusqu’à un bassin d’eaux thermales qui a accueilli à bras ouverts nos corps endoloris. On serait bien restés là des heures à ne rien faire, mais déjà le bus nous invite à reprendre la route et profiter des derniers arrêts de la journée, à savoir un arrêt panorama pour admirer les magnifiques cultures en terrasses héritées des Incas puis un arrêt « buffet à volonté », ou comment compenser en une heure à peine toutes les pertes de graisses des deux derniers jours.

 Attention à la marche

                Le lendemain, nous et nos courbatures empruntons un énième bus qui nous dépose, 5h30 plus tard, dans la ville de Puno, au bord du légendaire Lac Titikaka (ou Titicaca, c’est selon) et à quelques encablures à peine de la frontière bolivienne. La ville en elle-même est plutôt fade, pour être honnête. Mais évidemment LA chose à voir ici, c’est le lac, dont les caractéristiques principales sont le nom pour le moins original, qui aura fait rire des générations d’écoliers, sa taille imposante, quinze fois le lac Léman, et son altitude (3 800 m), qui en fait le lac navigable le plus haut du monde.

 Je vous épargne les jeux de mots sur le Lac Titicaca

                Sur sa surface se bousculent de petites îles flottantes habitables, ingénieusement construites en totora, le roseau local. Nous avons accosté sur deux d’entre elles, les îles Uros, où les habitants, qui ne parlent presque que l’aymara, un dialecte qui lutte pour sa survie, nous ont fait visiter leurs huttes de roseau et nous ont expliqué leur mode de vie, intimement lié au fonctionnement de leur curieuse terre d’accueil artificielle. L’endroit possède un cachet certain mais devient un peu trop touristique.

 Même la tourelle du maître-nageur est en bambou

                Le lendemain, nous montons à nouveau dans un de ces bus que nous apprécions tant. 5h de route en théorie, mais à la frontière bolivienne, surprise : une manifestation contre l’exploitation des gisements miniers des environs empêche le passage des véhicules. Qu’à cela ne tienne, nous voilà quittes pour une marche d’une bonne heure, bagages sur le dos, afin de passer les barrages et rejoindre la ville de Copacabana, sur la rive bolivienne du Titikaka. Notez que la célébrissime plage de Copacabana, au Brésil, a été dénommée ainsi par le marin bolivien qui l’a découverte  en hommage à sa ville natale.

D’ici nous attend ensuite la visite de l’Isla del Sol (Ile du soleil), située au beau milieu du lac (deux heures de bateau pour y accéder). Nous fiant aux commentaires du Petit futé ou autre Guide du routard, nous pensons nous livrer à une agréable journée détente. Et bien pas tout à fait, puisque la traversée de l’île dans le sens de la longueur se révèle être une exigeante randonnée de 11 km avec un dénivelé qui joue les montagnes russes. Heureusement qu’on était déjà bien rodés, sans quoi nous aurions sans doute raté le bateau retour ! Mais encore une fois, quels paysages ! A gauche, une splendide baie aux eaux émeraude ; à droite, des reliefs quasi désertiques ; droit devant, un bosquet d’eucalyptus ; et derrière nous, le temple du soleil et sa table de sacrifice encore en usage (mais toujours pas de sacrifices humains, Julien devra encore attendre). On a l’impression de parcourir des kilomètres rien qu’en tournant la tête !

 Là c'est plutôt la vue côté gauche

Ceci est un autel sacrificiel, et non une table de pique-nique,
comme les tabourets pourraient le laisser penser

                De retour sur la terre ferme, nous enchaînons avec 4h de bus (entrecoupées par une petite traversée en bateau, c’est amusant de voir le bac transporter le bus de l’autre côté) pour rejoindre La Paz, capitale de la Bolivie. Perchée à 3660 m d’altitude, ce qui en fait la capitale la plus haute du monde, la ville est bâtie d’une manière pour le moins singulière : dans la vallée, le gigantesque centre-ville moderne et bruyant, regroupant l’ensemble des institutions et des activités touristiques, et sur les versants des collines environnantes, les quartiers les plus populaires, s’apparentant parfois à des bidonvilles de montagne. Dans les rues, on croise régulièrement de superbes policiers avec costumes à galons ressemblant plus au général Alcazar de Tintin qu’à nos agents de la paix français. N’ayant pas beaucoup de temps devant nous, notre visite s’est cantonnée au centre historique et à quelques musées plutôt intéressants, sur des thèmes divers : musée de l’or, pour bien se rendre compte que les Incas devaient être vachement musclés du nez et des oreilles quand on voit la taille de leurs bijoux en or massif ; musée de la coca, pour tout savoir des différents usages et vertus de cette plante, ingrédient de base de deux des plus dangereuses drogues de nos sociétés modernes, la cocaïne et le Coca-cola ; et enfin musée de l’artisanat et des coutumes locales.

La Paz centre et ses quelques passants ;
au fond, on distingue les collines couvertes d’habitations précaires 

                Hélas c’est déjà fini pour aujourd’hui, mais très bientôt (dans la mesure du possible, nous sommes des hommes très demandés) vous pourrez profiter du grand feu d‘artifices final de notre périple péruvien : Cusco, la Vallée Sacrée et le Machu Picchu !

NG

jeudi 7 juin 2012

Première étape: finie!


Et voilà, nous sommes partis pour l’Equateur ! 
Il  est donc plus que temps de vous dire ce que nous avons réussi à faire au Pérou, et pourquoi pas, ce que je (ce qu’on) en tire plus personnellement.

Que s’est-il passé depuis le point précédent ? Pour être honnête tout de suite, quelques désillusions…
Nous étions partis en « vacances » le 10 avril avec l’accord du gouvernement régional de Cajamarca de fournir 20 lapins ainsi que 20 cochons d’inde (je rappelle que ceux-ci sont utilisés comme nourriture ici) afin de lancer un élevage au collège.  Puisque nous étions absents nous avions convenu avec la mairie de Cospan que celle-ci envoie quelqu’un afin de les récupérer. Mais lors de notre retour… Oh surprise ! Aucun animal au collège…  Une petite enquête s’est donc imposée : qui n’a pas tenu parole ? 
Comme on pouvait s’en douter, la mairie nous affirme « le gouvernement régional n’avait pas les animaux le jour convenu » et le gouvernement « personne de la mairie n’est venu ».
Bref, tout était à refaire.  Nous avons donc redéposé une demande dont nous aurons la réponse mercredi 30 mai. Nous serons alors en Equateur, c’est donc le directeur du collège lui-même qui s’occupera du suivi de la demande – puisqu’il est directement concerné il sera certainement (ojala, comme on dit ici) plus efficace. En cas de refus (normalement ce ne sera pas le cas) ou de couac, nous avons convenu avec lui que l’association financera l’élevage. Donc à suivre par e-mail !


Encore plus fort, la demande de semences et d’outils pour la pépinière du collège  n’a toujours pas reçu de réponse ! Je vous rappelle qu’elle avait été déposée par Bertrand en… novembre ! Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Clément et Nicolas qui étaient en charge du suivi sont devenus presque amis avec le gardien de la direction régionale de l’agriculture ainsi qu’avec la secrétaire de l’ingénieur qui doit nous donner une réponse… mais en vain. Il semblerait que cet homme soit toujours ou en réunion ou en déplacement… même lorsqu’on demande à la secrétaire « quand peut-on le voir ? » et qu’on avait « rendez-vous » à une heure précise ! Bref… Là encore il semblerait que l’association devra payer. Certes, après tout nous sommes aussi là pour ça, mais il aurait été préférable d’avoir un « non » franc et massif dès le mois de mars afin de pouvoir gérer tout ça en étant sur place plutôt que par e-mail par la suite !
Dernière chose concernant le collège, le réservoir d’eau. La mairie s’est engagée par écrit à le faire et nous espérions le voir fini, sinon commencé, avant de partir… mais non. Il semblerait, dixit le maire – et son sourire politique – que les travaux commenceront le 7 juin.
Continuons avec la mairie de Cospán. Une de nos démarches annexes avait été de contacter une employée de la mairie provinciale de Cajamarca (l’équivalent du conseil général) afin de faire bouger les choses. Le maire de Cospán n’a apparemment pas jugé utile de donner suite à notre démarche. Lors d’une discussion il nous a dit en substance « Le recyclage ? Quel recyclage ? Avec qui aviez-vous parlé de ça ? » « euh avec vous en fait » « ah je ne m’en souviens pas ».  
Ajoutez à cela « quelques » lapins (non pas ceux pour le collège) et oui, je crois pouvoir dire que cet homme nous aura fait travailler notre self-control de manière plus qu’intensive pendant trois mois.
Une bonne nouvelle tout de même, et pas des moindres : Nous avons enfin un devis complet pour le laboratoire de transformation alimentaire. Celui-ci nous permettra de rechercher plus efficacement des fonds auprès des entreprises et collectivités françaises. Mieux, une demande a été déposée à la municipalité provinciale pour obtenir des financements ! Tout ça grâce à l’appui de l’ancien maire de Cospan, aujourd’hui regidor à la municipalité (l’équivalent de nos conseillers généraux). Pour la petite histoire le montant total est de 160 000 Soles, soit un peu plus de 50 000 euros. Il reste du boulot donc !
Plus globalement je dirais que nous avons eu beaucoup de mal à travailler, autant avec l’administration – mais ça c’est partout pareil – qu’avec les acteurs locaux, ce qui est plus embêtant. Je vous ai déjà parlé du maire, mais nous avons eu également quelques « problèmes » avec Martin Alcantara, le professeur, qui nous avait pourtant semblé très motivé et plein de bonnes idées lors de notre arrivée à Cospan.  Beaucoup d’idées mais plus grand monde lorsqu’il s’agit de les faire avancer, dommage !

Nous sommes maintenant à Puyo depuis hier. Nous avons rencontré le partenaire pour le projet cet apres midi et tout c'est bien passé, le personnage semble tres sympatique!
A bientot pour plus d'info sur ce projet...

JM.

PS: désolé pour l'absence de photo... la connection n'est pas top!

dimanche 27 mai 2012

La mine, or de question?


Il est des jours, que dis-je, des heures, où le sérieux est de mise parmi notre fine équipe. Certes, le dernier article touristique publié par mon noble compagnon NG pourrait laisser penser que cela n’arrive que rarement. Aussi m’en vais-je vous ôter cette idée erronée en vous parlant d’un sujet on ne peut plus grave qui hante l’esprit et la conscience de nombreux péruviens, pour ne pas dire la totalité : l’exploitation minière, ou au sens plus large, des ressources du sol. Je vous le promets, j’éviterai les jeux de mots du type « ça leur mine le moral », j’en ai déjà abusé dans le titre.
On entend rarement parler du Pérou aux informations télévisées en France, vous en conviendrez. Je ne sais si cela a changé récemment, et vous pourrez me le dire si c’est le cas, mais en tout cas la tension monte progressivement à l’intérieur du pays et nous en avons été les témoins directs à plusieurs reprises, j’y reviendrai. Je vous resitue d’abord le problème et le contexte qui y est associé.
Le Pérou possède d’importantes ressources qui se traduisent dans les deux principales activités économiques du pays : la pêche et l’exploitation minière. Il faut avoir en tête que le Pérou est le 1er producteur au monde d’argent, le 2ème pour le cuivre, le 3ème pour le zinc et l’étain, et le 5ème pour l’or (Le Guide du Routard 2011/2012 Pérou-Bolivie). On pourrait donc se dire légitimement que le pays est prospère, car tirant de larges bénéfices de la richesse de ses sols. Et bien il n’en est rien. Le retour de la paix dans les années 90 a favorisé l’arrivée d’importants investissements étrangers, en majorité américains. Et depuis le début des années 2000, ces investissements ne cessent de croître. Ce qui veut dire en résumé que ce sont les pays étrangers comme les Etats-Unis qui tirent les plus gros bénéfices de ressources qui ne sont pas les leurs.
Certes, le Pérou dans cette histoire n’est pas dépouillé gratuitement de ses ressources puisque le gouvernement perçoit une partie des bénéfices, mais cette part est bien trop faible: on pourrait s’attendre à du 75-25 en faveur du Pérou, ce qui n’est absolument pas le cas ; le taux effectif d’imposition des mines d’or et de cuivre était, en 2000, respectivement de 45,5% et de 42,8% (La fiscalité minière dans les pays en développement, James M. Otto, 2000). Il faut quand même garder à l’esprit que si l’imposition est trop grande, cela peut faire fuir les investisseurs étrangers. Cependant, on peut légitimement penser que les puissances intéressées par ces ressources n’y renonceraient pas même si le taux était plus élevé. C’est donc une des deux activités économiques majeures du pays qui est en partie accaparée par l'étranger.
Ça, c’est la première mauvaise nouvelle. La deuxième c’est que cette exploitation se fait aux dépens du milieu naturel. L’extraction du minerai nécessite l’emploi de mercure et/ou de cyanure qui s’infiltrent dans les sols et les cours d’eau, perturbant ainsi tout un écosystème et limitant l’alimentation en eau des villages et villes proches. Le mercure et le cyanure peuvent être récupérés une fois l’opération terminée par un procédé réputé très simple (je n’en connais pas la nature exacte), mais cette ultime précaution n’est pratiquement jamais prise car coûteuse en temps et en argent. Il faut parfois ajouter à cela la nécessité de pomper des quantités d’eau empêchant l’extraction. La mine d’or de Yanacocha, située au-dessus de Cajamarca (nord du Pérou), est extrêmement décriée à l’heure actuelle car ses exploitants s’apprêteraient à pomper un ou plusieurs lacs naturels pour en recréer des artificiels à côté, ceci dans le but d’accéder à l’or. C’est tout un environnement qui serait ravagé, et l’alimentation en eau des villages alentours et de la ville de Cajamarca qui serait sérieusement menacée.
 Il est donc un slogan, qui se peint en lettres rouges sur les murs et qui se clame à chaque manifestation, dont Ollanta Humala, Président de la République, se passerait bien : ¡Conga no va! Ce qui équivaut à un « Non » magistral au projet minier de Yanacocha. Il faut dire qu’Humala, élu le 28 juillet dernier, avait inscrit la ligne suivante dans son programme : « la réappropriation des ressources naturelles : eau, terres, forêts, biodiversité, gaz et minéraux », promesse qu’il s’est empressé de … ne pas tenir ! Les péruviens se sentent donc trahis et réclament l’arrêt total du projet Conga de Yanacocha.


 Le fameux slogan qui fleurit sur les murs de Cajamarca


Une expertise internationale commandée par le gouvernement péruvien a récemment livré ses résultats : elle donne les recommandations environnementales que doit suivre Newmont, la compagnie américaine à l’origine du projet, pour que celui-ci puisse se poursuive. Humala s’appuie sur cette expertise pour confirmer que, selon lui, le projet est viable.  Il souhaite établir sur cette base un pacte social avec l’opposition où Newmont s’engagerait à respecter les recommandations de l’expertise. Mais l’opposition refuse tout pacte et exige la fin du projet. Apparemment, Newmont aurait déjà fait parler d’elle par le passé par son non-respect total de toute règle nécessaire à la protection de l’environnement (The Conga impasse – high stakes, high risks ; President Humala announced that Conga project is viable, but with regulations). Notons ici que le Gouvernement Régional de Cajamarca est opposé au projet, ce qui marque une vraie rupture avec la politique du Gouvernement Central.
Le pays est donc actuellement dans une impasse. Et, même si c’est de Yanacocha qu’on entend le plus parler,  il existe bien d’autres exemples d’exploitation abusive. A Iquitos, village situé dans l’Amazonie péruvienne, une déclaration pour l’eau a récemment été émise par un Comité de Défense de l’eau. Elle réclame le respect des déclarations successives caractérisant les vallées des trois fleuves Nanay, Pintuyacu et Chambira comme à protéger à tout prix et y interdisant toute exploitation minière ou pétrolifère. Elle réclame le respect des déclarations successives visant à protéger à tout prix et interdire toute exploitation minière ou pétrolifère des vallées des trois fleuves Nanay, Pintuyacu et Chambira. Actuellement, Pluspetrol Norte y pratique une activité pétrolifère qui menace l’alimentation en eau d’Iquitos. Le Gouvernement Régional est ici en cause car il ne fait pas respecter la loi.
Nous avons, personnellement, été les témoins du mécontentement des péruviens. Ayant passé beaucoup de temps à Cajamarca, nous avons assisté à plusieurs mobilisations. Et la plus forte restera celle qui aura fait intervenir l’armée en avril dernier pour anticiper un éventuel débordement. Au passage, nous avons bien cru ce jour-là ne jamais pouvoir partir de Cajamarca pour commencer notre tourisme, les rues étant étrangement vides et les rumeurs de fermeture des portes de la ville allant bon train. Et le jour même, faisant étape à Trujillo, nous avons vu un petit rassemblement sur la Place des Armes manifestant son opposition à la Conga. Mais le plus marquant restera le passage de la frontière entre le Pérou et la Bolivie qu’il aura fallu faire à pied pour cause de blocage de la route. 







 Mobilisation nocturne à Trujillo


En résumé, l’exploitation des ressources péruviennes est aujourd’hui au centre des débats. Les entreprises américaines d’exploitation sont montrées du doigt mais, avant elles, les entreprises françaises avaient aussi leurs entrées dans le pays. Ces activités sont génératrices d’emplois dans un pays en développement, mais elles coûtent par ailleurs bien cher sur le plan environnemental. L’évolution de la situation sera à suivre avec attention. Autant en Europe il est bien difficile d’imaginer un quelconque soulèvement violent, autant ici il ne faut rien exclure, même si l’opposition ne cesse de prôner des manifestations pacifiques. Quand la coupe est pleine, on ne sait jamais de quel côté elle va déborder…
Je précise, en guise de conclusion, que j’ai essayé de vous présenter les choses le plus objectivement possible. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à poser vos questions ou à lancer carrément le débat dans quelques commentaires dont vous avez le secret.

CV