mardi 17 janvier 2012

Les élèves de Cospan s'expriment

Je vous parlais d'entretiens individuels avec les élèves du collège de Cospan réalisés par APN dans le dernier article. Et bien voilà donc ce que pensent les élèves de Cospan!

D'abord, sachez que le collège compte 52 élèves de 12 à 22 ans répartis sur 5 grades (= niveaux). Le premier grade correspond à la première année, le second à la deuxième, et ainsi de suite. Certains jeunes n'intègrent pas le collège à 12 ans mais plus tard, d'où une pyramide des âges assez étendue. Le cycle "normal" commence à 12 ans et se termine à 17 ans.

80% de ces élèves savent ce qu'ils veulent faire plus tard. Les métiers de la construction et des mines sont les plus sollicités par les garçons (7 mécaniciens, 4 conducteurs d'engins, 6 ingénieurs BTP). Les filles souhaitent devenir avocates, infirmières ou agents de police.
Un point à creuser: seuls 3 élèves veulent travailler dans les métiers du vivant (ingénieur agronome, environnemental et pépiniériste). C'est très certainement à associer au contexte: l'agriculture est un métier très dur au Pérou et le domaine du vivant qui lui est associé ne suscite que peu d'envie.

En ce qui concerne directement le module:
- 92% des élèves pensent que les cours d'éducation pour le travail leur seront utiles dans leur vie future. La pertinence du module est donc soulignée ici. Et 92% aussi des élèves aiment ces cours, ce qui n'est pas négligeable!
- 69% des élèves ont rapporté des plantes chez eux. Ils les ont plantées et elles se portent bien.
- 87% des enfants ont un potager dont 58% depuis 2 ans ou moins. On voit ici l'impact positif du module sur cet aspect.

D'autres chiffres enfin pour illustrer le contexte:
- 94% des parents d'élèves sont agriculteurs, ou double-actifs. 88% des enfants sont issus de familles strictement agricoles.
- 83% du second au cinquième niveau estiment que leur alimentation a changé depuis le début du projet (2 ans). 57% d'entre eux consomment plus de légumes, 21% plus de fruits, 9% plus de produits transformés à la maison, et 24% ont augmenté leur diversité alimentaire (féculents, céréales, protéines).


Tous ces résultats sont très intéressants. Ils permettent de connaître avec précision le contexte, et d'ajuster les cours du module au mieux à la demande des élèves du collège.
Ce qu'il faut retenir de tout cela, c'est que l'action d'APN depuis 2 ans porte ses fruits (sans jeu de mots), que le module a un effet positif sur la vie des enfants.
C'est sur cette dynamique que nous nous apprêtons à poursuivre le projet. Et ces résultats prouvent que nous sommes sur la bonne voie!

CV

M.A.J. le 16/02: le rapport complet est maintenant disponible.

lundi 16 janvier 2012

Qui ? Quoi ?

Bonjour à tous !
Voici un premier message de présentation de l’équipe et du projet. Concernant le projet, je vais en grande partie reprendre ce qui a été expliqué par Clément au collège de Versailles et par Clément et moi-même (Julien) au collège d’Estaires.
Tout d’abord qui sommes-nous ? Vous connaissez déjà tous Clément, certains me connaissent moi. Mais nous partons à 4 !
Alors galanterie oblige, je commence par la seule fille, Cloé Dupont. Elle est originaire de Lestrem dans le Pas de Calais et vient de terminer ses études de biotechnologie à Paris. Elle profite donc de ne pas encore avoir de travail pour partir avec nous (espérons qu’elle en trouve à son retour :) ).
Nicolas, Clément et moi-même sommes tous trois encore étudiants en agronomie (= science de l’agriculture) et en environnement à Nancy. Nous avons pris une année de césure (= une « pause ») dans nos études pour faire chacun un stage et ce projet.
Nicolas Goiran est originaire de Saint Etienne (Allez les Verts !), Clément Vinsard de Versailles (il habite au château…) et moi, Julien Macrelle, d’Estaires (plus belle ville du Nord Pas de Calais).
en haut: Nicolas, Clément; en bas: Julien, Cloé
 
Vous avez peut-être deviné en lisant, je suis le seul à connaître toute l’équipe de longue date. Cloé a rencontré Clément et Nicolas cette année, lorsqu’elle a rejoint le projet… Ceci m’amène à un aspect important du projet : l’échange avec les autres. Partir en Amérique du Sud pendant 5 mois va nous permettre de rencontrer des gens de toutes sortes, souvent très différents de nous. C’est pour vous faire partager ces rencontres que nous avons choisi de tenir ce carnet de voyage !
        Nous avons choisi d’aller à la découverte de deux petits pays du continent sud-américain, le Pérou et l’Equateur, pas seulement en tant que touristes de passage, mais en créant un échange véritable avec les personnes qui peuplent ces pays par l’intermédiaire de deux associations soucieuses de soutenir leur développement local. Notre mission s’étalera sur cinq mois pendant lesquels nous tenterons de réaliser, à notre échelle, les souhaits de ces populations.

Nous partons pour deux associations différentes : une au Pérou, Agro Peru Niños (APN), l’autre en Equateur, Heaven on earth (Hoé).

Tout d’abord, quelques mots sur le Pérou.
Nous irons dans le village de Cospán, dans la province de Cajamarca au coeur des Andes péruviennes, où l’association travaille depuis 2008. Le village est très pauvre et l’agriculture très difficile à cause de sa situation géographique (dans la montagne). L’équipe partie avant nous, en 2010, a mis en place dans le collège du village un module (= cours) d’agriculture, nutrition, santé.


Il y avait plusieurs objectifs :
-       apprendre aux élèves de nouvelles techniques agricoles pour leur permettre de les transmettre à leurs parents (presque tous agriculteurs) ou de les utiliser eux-mêmes s’ils deviennent agriculteurs par la suite.
-    mettre en application ces techniques par des travaux pratiques : le collège a un potager et une pépinière.
-        leur expliquer l’importance d’avoir une alimentation variée (glucides, protéines, lipides et surtout fruits et légumes !). En effet là-bas les jeunes ont tendance à manger énormément de féculents (pomme de terre et d’autres que l’on connaît moins) et pas assez de fruits et légumes, ce qui  peut causer des carences en vitamines. (De même qu'en France, il y a le programme "mangez - bougez")

En 2010, l’association a choisi les points importants à aborder et écrit le programme du cours. Elle a également trouvé un professeur capable de donner les cours prévus.

Lors de notre séjour nous aurons plusieurs objectifs :
-         faire des démarches pour que la formation soit reconnue par le gouvernement régional, et ainsi s’assurer que les cours auront encore lieu dans les années à venir.
-         trouver des intervenants pour assurer la formation aux agriculteurs adultes directement. Pour cela, nous nous adresserons à l’université de Cajamarca (plus grande ville de la région.)
-         faire creuser un bassin pour stocker l’eau. Au Pérou, il n’y a que deux saisons : la saison sèche et la saison des pluies. Il existe un canal d’irrigation amenant de l’eau depuis une rivière jusqu’au village, mais l’eau est avant tout utilisée par les « vrais » agriculteurs (ce qui est normal). Le collège n’a accès à cette eau qu’une fois tous les 22 jours et le potager du collège souffre donc du manque d’eau. L’idée est de remplir le bassin tous les 22 jours pour utiliser l’eau entre temps.
-         construire un élevage de cochons d’Inde pour le collège (oui oui, pour les manger, ils sont très appréciés là-bas !)
-         si l’association a suffisamment d’argent, nous commencerons à financer la construction d’un laboratoire de transformation alimentaire. Celui-ci servira en même temps aux travaux pratiques du collège et fera office de coopérative agricole pour les agriculteurs du village.


Pour le projet Equateur, sur lequel nous travaillerons de juin à août, l’association Hoé travaille avec la fondation Tsunki Shuar. Cette fondation est basée dans la ville de Puyo et a été créée par les indiens Shuars afin de valoriser leur culture.

En effet, en Equateur les indiens sont victimes de discrimination, ils sont considérés comme des « sauvages », il y a donc un important besoin de reconnaissance de leur mode de vie.
Hoé aide la fondation sur son principal projet : la construction de la « Casa de la sabiduria » (= maison de la sagesse). Il s’agit d’un musée de la culture Shuar, mais un musée « vivant » puisqu’il sera géré par les indiens eux-mêmes, mais aussi parce qu’il ne sera pas qu’un lieu d’exposition, il sera :
  • Un musée des cultures indigènes de l’Amazonie équatorienne (espace d’exposition),
  • Un lieu de rencontre, d’échange et de solidarité,
  • Un atelier (langue, danse et chants, artisanat, etc.),
  • Un espace de vente pour les communautés (artisanat et autres).
Les équipes précédentes ont pu financer les fondations, la charpente métallique et le toit. Notre objectif est de réunir assez d’argent pour monter les murs (restera l’intérieur à aménager).
Parallèlement, nous aiderons directement la communauté de Shuars portant le nom de « Putuim ». Hoé a noué au fil des ans une relation privilégiée avec cette communauté. Nous chercherons également à en rencontrer d’autres, et à leur apporter le soutien de l’association si possible.

Voilà, j’ai fait le tour des deux projets.
Prochaine étape : départ le 22 février


Cette partie du blog vous est spécialement dédiée - pour pouvoir nous poser des questions, n'hésitez pas à visiter le reste, bien que certains articles seront plus techniques.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser.

JM.

PS : rendons à César ce qui lui appartient, la correction de mon aurtografe désastreuse est assurée par Nicolas et Clément  :)

mardi 3 janvier 2012

Des nouvelles de Cospan !

         En novembre dernier, Bertrand et Cécile, membres d'APN, se sont rendus à Cospan. Ils ont donc pu nous donner des nouvelles toutes fraîches de l'avancée du projet. Et vous constaterez, comme nous, que ça motive énormément!

Alors, tout d'abord sachez que toute la surface exploitable autour du collège a été mise en culture par les élèves au cours des classes mises en place grâce à APN.

Dans le verger-potager, on trouve une grande diversité de fruits et légumes dont il va falloir apprendre les noms en espagnol (ay caramba!): des salades (lechugas), du chou (repollo), des haricots (frijoles), des carottes (zanahorias), des pois (alverjas), des fèves (habas), des pois-chiches (garbanzos), du piment (rocoto), des tomates-en-arbres (sacha tomates ou berenjenas), de la coriandre (culantro), du maïs (maîz), des avocatiers (paltos), des citronniers (limoneros), des orangers (naranjos) et des pommiers (manzanos).

Une petite pépinière a été créée grâce aux plants améliorés de Martin (le professeur). Des espèces sylvestres y sont semées: des pins (pinos), des eucalyptus (eucaliptos) et des cyprès (ciprés), ainsi que des espèces fruitières telles que celles présentes dans le verger-potager, et bientôt des fleurs ornementales (roses greffées principalement).

Quasiment tous les enfants participent au potager familial, et ont pu rapporter chez eux des plants d’arbres fruitiers et sylvestres.
Des entretiens individuels ont été réalisés par APN avec tous les élèves des différents niveaux pour connaître leur ressenti sur le module (52  petits veinards en tout). Ce travail permet d'adapter au mieux les cours aux besoins des enfants.
Une révision du syllabus a d'ores et déjà été faite suite à cela.


La mairie du district de Cospan s'est engagée, en signant un acte de compromis, à fournir le matériel nécessaire au bon fonctionnement du potager-école du collège, à construire une mini-réserve d'eau pour éviter la sécheresse et à assurer la pérennité de l'emploi de Martin, le professeur. Cela promet d'assurer la durabilité du projet.

Par ailleurs, une rencontre avec l'association des parents d'élèves (APAFA) a eu lieu et le projet dans son ensemble a été discuté en assemblée générale. N'oublions pas qu'il faut toujours répondre à une demande locale, la population est donc la mieux placée pour faire évoluer le projet.

En ce qui concerne le laboratoire, les démarches administratives sont initiées. Ainsi, le maire de la province de Cajamarca s'est engagé à fournir un devis.

En résumé, les nouvelles sont bonnes! Le projet avance bien. Il reste encore beaucoup à faire mais des bases solides sont posées. Et je peux vous garantir que ces infos nous donnent déjà envie d'y être! "Dis, dis, le 22 février c'est dans longtemps? ... 2 mois? Et c'est beaucoup 2 mois?"

CV (assis dans l'entrée avec son sac à dos, prêt à partir)