samedi 11 février 2012

Derniers préparatifs (ou comment faire rentrer un pingouin et une luge dans un sac de voyage)

    Il faut se rendre à l’évidence, la date du départ approche à grands pas ! Du coup, il devient urgent de s’activer dans la préparation de ce séjour, ce qui ne s’avère pas vraiment de tout repos. Il faut penser à tout, et on a beau avoir quatre jeunes cerveaux dynamiques (sauf les week-ends et jours fériés), c’est pas facile.
Et encore, heureusement pour les étourdis que nous sommes, viennent régulièrement s‘ajouter les capacités cérébrales de nos parents. Rendons-leur hommage, ils font tout ce qu’ils peuvent pour nous aider tellement on va leur manquer.
    Je disais donc, il est grand temps de se remuer et de faire preuve autant que possible d’efficacité, d’ingéniosité et de clairvoyance (vous comprenez déjà que ça va coincer quelque part). Et comme on vous avait dit qu’on vous ferait partager toutes les étapes du voyage, on tient parole, en vous faisant profiter des... derniers préparatifs !

    Premier obstacle, la constitution du sac. De suite, un problème nous saute aux yeux : un tas de trucs à emmener, mais un sac de 23 kg maximum, pas un de plus, autorisé dans l’avion. Surtout que c’est bien beau mais il va falloir le traîner sur des kilomètres, ce sac, tout au long des 5 mois du séjour. Hors de question alors de nous charger comme des mules (ou des lamas pour le coup, prenons l’habitude d’utiliser les références locales).
Il va donc falloir faire des choix, et organiser le rangement de manière intuitive pour ne pas avoir à déballer la moitié du contenu pour trouver sa brosse à dents. Comme dirait un ami à nous, il faut optimiser.
    On a donc commencé par le plus important : maillot de bain, serviette, lunettes de soleil, masque et tuba, chemise à fleurs, appareil photo, crème auto-bronzante... Et puis on s’est souvenu qu’on ne partait pas faire du tourisme, mais bien travailler un minimum. Du coup, on a immédiatement enlevé la chemise à fleurs, ça fait pas sérieux.
    Sac de randonnée, chaussures de randonnées, pull de randonnée, slip de randonnée... nous voilà fin prêts pour traverser l’Amérique latine de long en large. On emporte aussi quelques tenues un peu plus habillées, histoire d’avoir un certain standing lors des réceptions parmi les hautes sphères du gouvernement péruvien (et aussi pour draguer en boîte). Pas facile de savoir quels vêtements choisir, parce qu’on va être confrontés à un peu tous les climats, du froid vif des Andes à la moiteur de l’Amazonie, en passant par la sécheresse des paysages côtiers.
    On a dû se résoudre, la mort dans l’âme, à éliminer tout un tas d’objets indispensables mais qui se sont révélés fort peu pratiques à transporter : cocotte-minute, haltères, encyclopédie universelle, luge, collection de timbres, microscope, pingouin, écran plat, j’en passe et des meilleurs, ne seront malheureusement pas du voyage.

    On emmène de quoi s’occuper pendant les trajets souvent longs qui nous attendent : un jeu de cartes où il ne manque pas de cartes dedans, un ours en peluche pour les jours où on est en manque d’affection, des Playmobil en avant les histoires, une Game boy... Ca promet de belles heures de rigolade.
    On embarque aussi quelques petits trucs typiques de chez nous qu’on pourra faire partager aux péruviens et aux équatoriens. Au début on avait pensé au camembert, au foie gras et au Bordeaux, mais on s’est dit que le trajet risquait de faire perdre à ces bons produits du terroir un peu de leur authenticité (et de leur fraîcheur). Alors on a eu une idée de génie : qu’est-ce que la France sinon une terre de musique ? On a donc tous fourré dans nos sacs un baladeur mp3 rempli de cette variété française qui fait la fierté de notre peuple : La chanson du dimanche, Max Boublil, Giedré, Joe Dassin, Booba, Fatal Bazooka, Keen V, PZK, Didier Super... Vous pouvez d’ici apprécier toute la subtilité de cette playlist. J’imagine déjà les petits péruviens écoutant ça des étoiles plein les yeux, se disant que la France ça doit quand même être quelque chose. C’est beau le mélange des cultures !

    C’est pas tout ça, mais il s’agirait aussi de penser à se protéger. On prend donc rendez-vous chez notre médecin, et alors là c’est la totale : vaccins contre la fièvre jaune, contre la fièvre typhoïde, contre la rage, contre la mauvaise humeur, contre les hépatites A et B, contre les pieds qui puent, contre la gueule de bois... Bref on a des piqûres plein les bras, mais si avec ça nos systèmes immunitaires ne sont pas au taquet je comprends plus rien à la médecine moi ! J’aimerais pas être le virus qui croisera ma route, il risque de passer un sale quart d’heure. On accompagne le tout d’une trousse à pharmacie bien remplie, pour soigner les petits bobos du corps et de l’âme (c’est beau).

    Parallèlement, on cherche encore et toujours le petit financement qui changerait l’auberge de jeunesse et ses charmants cafards en palace 5 étoiles avec jacuzzi privatif. C’est une blague, je précise, évidemment on ne vise pas à se remplir les poches pour vivre dans l’opulence durant 5 mois, mais bien à débloquer des fonds pour soutenir du mieux possible nos actions de développement local.
    Et là encore, c’est pas triste. Je vous donne un petit exemple représentatif. « Bonjour la région Rhône-Alpes d’où je viens, je voudrais des sous. S’il vous plaît. » « Ah non, ça va pas être possible, depuis cette année il faut faire ses études chez nous pour être éligible. Adressez-vous plutôt à la région de votre lieu d’études ». « Ah bon, si vous le dites. Merci quand même. »
« Bonjour la région Lorraine d’où je vais en cours des fois, je voudrais des sous. S’il vous plaît. » « Ah non, ça va pas être possible, depuis cette année il faut être originaire de la région pour prétendre toucher une bourse. »
Echec cuisant. Et pourtant, vous pouvez constater que j’ai été fort poli. C’est à n’y rien comprendre.

    On révise le vocabulaire espagnol de base : « pourriez-vous nous indiquer la prison de quartier où notre petit camarade a été enfermé par mégarde ? », « vous habitez chez vos parents ? », « garçon ! une autre bière, c’est sa tournée », « vas-y fais-moi la passe ! », « j’ai mal là, et là, et là aussi », « quel est ce petit animal fort ragoûtant qui nage dans mon assiette ? »... autant de petites phrases complexes mais indispensables pour survivre dans un environnement hostile.

    On enchaîne les rendez-vous : à la banque pour parler retraits et modalités de paiement, à l’hôpital pour parler infections, turista ou paludisme, chez Orange pour leur demander poliment de suspendre notre forfait pendant 5 mois sinon on file chez Free de suite, chez Papy et Mamie pour leur assurer que non les Shuar ne coupent plus les têtes des gens... Bref on ne s’ennuie vraiment pas, on a un emploi du temps de ministre, c’est chouette on se sent importants !

Voilà, c’était un rapide aperçu de notre vie trépidante avant le départ. A très bientôt pour un nouveau vrai post utile, ou à dans quelques temps pour un autre article du même acabit que celui-ci, si vous n’en êtes pas sortis affligés.

PS : dans cet article se cachent quelques vraies infos et même quelques propos intelligents, voire deux ou trois trucs intéressants. Mais je vous dirai pas où, ce serait trop facile. Retenez simplement que le grand saut, c’est dans une semaine et demie, que les sacs se remplissent petit à petit et que les derniers détails se règlent doucement mais sûrement, ce sera déjà pas mal.

NG

2 commentaires:

  1. Quel talent pour l'écriture.
    J'espère pouvoir lire de nouveaux articles très vite.

    Des bises mon pti.

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  2. Ca paraît déjà palpitant alors que vous êtes même pas sortis de vos appart, j'ai hâte de voir ce quels genre d'articles ça va donner quand vous aurez mangé des pâtes de poulets, pris la combi pour Cospan et traversé la jungle ou je ne sais trop quoi qui est aussi à votre programme! Garde quelques adjectifs hyperboliques de côté pour plus tard sinon tu ne pourras plus faire de surenchère dans le sensationnel ;) Bon voyage à vous, on a hâte de lire la suite :)

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