mercredi 27 juin 2012

L'empereur mégalo


            Bonjour à tous ! Comme promis, voilà le dernier chapitre de notre extraordinaire aventure péruvienne, l’ultime volet de notre folle escapade touristique dans ce pays magnifique. Alors certes on a pris un peu de retard dans l’écriture du blog, puisque ça fait maintenant plus de 2 semaines que nous avons posé nos valises en Equateur. Mais que voulez-vous nous sommes tout simplement débordés, entre les multiples sorties liées au projet et surtout les rencards incessants que nous donnent les équatoriennes. Mais je vous jure que ça valait le coup d’attendre, car nous allons finir en fanfare avec la :

4ème étape : Cusco, la Vallée Sacrée et le Machu Picchu

            Rien qu’à l’évocation de ces noms que tout le monde ou presque a déjà croisé au moins une fois dans sa vie (cf. Garou), ce dernier chapitre s’entoure d’une aura de mystère et de légende. Et vous allez vous rendre compte qu’elle n’est en rien usurpée.

            Cusco, d’abord (ou Cuzco). Si elle a inspiré à Disney une sombre histoire d’empereur qui se transforme en lama pour apprendre à cracher plus loin, c’est avant tout une ville, et pas n’importe laquelle, puisqu’elle fut la capitale de l’empire inca (elle répondait alors au doux nom de Tawantinsuyu). Elle est située au sud-est du Pérou, à la limite est des Andes, ce qui lui offre une honorable altitude de 3 400 m. La légende veut qu’elle ait été fondée entre le XIe et le XIIe siècle par le premier Inca Manco Capac lui-même, et sa femme, Mama Ocllo, juste après leur naissance épique dans les eaux du lac Titikaka.

Tiens, ça me fait penser que j’ai oublié de vous dire à combien d’heures de bus on a eu droit cette fois-ci, pour rallier Cusco depuis La Paz. Faites vos jeux, les paris sont ouverts ! Un indice, ce fut encore un voyage long et fastidieux, avec notamment un passage de frontière difficile. Celui d’entre vous qui trouvera la bonne réponse, qui est 13h, remportera une photo dédicacée de Julien et Clément en pagne dans la jungle.

Tout ça pour dire que Cusco est une ville splendide, probablement la plus belle que l’on ait vue jusqu’à présent en Amérique du sud. Petites rues pentues pleines de charme, Plaza de armas vaste et majestueuse avec ses arcades et sa cathédrale, collines verdoyantes cachant des ruines chargées d’histoire… Un vrai régal pour les yeux.

La Place d’armes, prise depuis la terrasse d’un bar, quel hasard…

            Lors de notre séjour dans la ville, nous avons assisté à une manifestation de professeurs des écoles qui nous a rappelé notre bonne vieille patrie, mais surtout à une démonstration de danses traditionnelles proposée par des groupes venus des quatre coins du pays rivalisant de virtuosité et vêtus de costumes plus bariolés les uns que les autres. On s’est bien essayé à quelques pas, mais il semblerait qu’on soit définitivement perdus pour la danse.


Et on fait tourner les jupettes…

            Apparemment, les environs directs de Cusco valent également le détour. Malheureusement, notre timing serré et nos bourses bien vides (esprits tordus s’abstenir) après deux semaines de tourisme ne nous ont pas permis d’aller vérifier par nous-mêmes. Mais c’était pour mieux profiter de ce qui allait suivre : la visite del Valle Sagrado, la Vallée Sacrée des Incas.

            Baignée par la rivière Urubamba, sacrée elle aussi, elle fut très appréciée des Incas pour son climat propice à l’agriculture (culture du maïs notamment) et pour ses richesses naturelles. Elle regroupe aujourd’hui de très nombreux sites archéologiques incas et abrite encore quelques communautés indigènes isolées sur les hauteurs. On y trouve aussi des mines de sel, qui lui en revanche n’est pas sacré.


 La vallée ça crée des liens

            Nous nous sommes arrêtés à Pisaq, petit village typique célèbre pour son marché artisanal qui propose bijoux, tissus et autres curiosités. Les marchands étaient tellement bons vendeurs qu’on n’a pas pu s’empêcher de dévaliser les étals, c’est papa et maman qui vont être contents, ils pourront bientôt redécorer le salon.
            Mais Pisaq, ce n’est pas seulement un traquenard d’où vous repartez sans le sou et les bras chargés de bric-à-brac, c’est aussi un complexe archéologique majeur, construit à flanc de falaise dans un cadre majestueux. Il rassemble temples, citadelle et cultures en terrasses, preuve que le site a cumulé à la fois des fonctions religieuse, militaire et agricole. Impressionnant de voir comment les Incas ont réussi à dompter la montagne et son relief capricieux.

Malheureusement, les espagnols vinrent pis saccagèrent tout

            Mais nous n’avions encore rien vu du génie architectural inca. Quelques kilomètres plus loin, le site d’Ollantaytambo est une pure merveille. Dans les hauteurs, à 2 800 m d’altitude, siège une forteresse massive qui fut l’objet de combats acharnés entre les conquistadors espagnols et les résistants incas après la chute de Cusco. Elle se présente sous la forme de gigantesques gradins qui rendent l’ascension difficile pour les éventuels assaillants. Tout au sommet rayonne un temple qui devait rester à jamais inachevé, mais on peut ainsi mieux voir avec quelle précision ils taillaient les blocs de pierre rouge, qui s’emboîtent parfaitement (tel un célébrissime jeu de construction danois pour enfants et grands enfants dont je tairai le nom). Imaginez la force de travail titanesque qu’il a fallu réunir pour faire monter ici, à l’aide de simples plans inclinés, des rocs de plusieurs tonnes, extraits dans une carrière éloignée de plus de 6 km ! 


 Féroces guerriers incas en costume traditionnel défendant corps et âme la forteresse

            Le village d’Ollantaytambo vaut encore plus le détour, puisque c’est l’un des seuls vestiges de l’architecture urbaine inca. Les rues sont agencées en forme d’épi de maïs, les maisons représentant les grains, séparés les uns des autres par un système de canaux. Le tout présente un cachet certain et offre une incroyable sensation de quiétude, et l’on se surprend à déambuler au hasard dans ces ruelles étroites au charme d’un autre temps.

Le village inca d’Ollantaytambo. Note à benêt : l’enseigne n’est pas d’époque

Nous grimpons ensuite dans le train qui nous conduit jusqu’à Aguas Calientes, porte du Machu Picchu. On ne peut pas deviner le site d’ici, mais rien que de se tenir au pied des montagnes est déjà très impressionnant. Nous nous empressons de nous blottir dans les couvertures d’un hôtel fort chic pour récupérer de cette journée riche en émotions et surtout pour pouvoir profiter au maximum de ce qui nous attend le lendemain…

Quand on vous dit qu’on est « au pied » des montagnes, ce n’est pas un abus de langage !

            Tout le monde se lève plein d’excitation, sauf Julien, qui à force de se vanter sans cesse que lui est toujours en pleine forme alors que ses petits camarades souffrent régulièrement de problèmes digestifs, a fini par réveiller une vieille malédiction inca pile poil le mauvais jour : le voilà malade au moment de visiter l’un des plus beaux sites du monde !
            Entre Cordillère des Andes et forêt amazonienne, entre histoire et légende, entre sanctuaire religieux et résidence du grand Inca Pachacutec, une chose est sûre : la cité inca du Machu Picchu est un lieu magique, mystique, et je vais vite manquer de superlatifs pour décrire la splendeur de ces ruines et l’atmosphère surréaliste qui s’en dégage. Construit au XVe siècle, classé Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983, il n’a pas usurpé son titre pourtant officieux de Merveille du monde moderne. Force est de constater que malgré ses 400 000 visiteurs par an, les mesures de protection du site sont plutôt efficaces, l’ensemble se montrant propre, bien conservé (en dépit des assauts incessants d’un lichen destructeur) et préservé des fléaux du tourisme de masse.
            Perché à 2 400 m d’altitude, entre le mont Huayna Picchu (montagne jeune en quechua) et le mont Machu Picchu (montagne vieille) qui lui a donné son nom, ce joyau du génie inca abritait dans ses rues et ses maisons aux murs faits de pierres grossièrement taillées liées par de la terre un petit millier d’habitants probablement issus de la noblesse. Mais les mots ne suffisent pas, place aux images :


Vue d’ensemble du site, avec en fond le Huayna Picchu. Si vous basculez la photo de 90° vers la gauche, vous distinguerez sans peine le visage de l’Inca se dessiner dans les montagnes.
En revanche, basculer la photo de 180° vers la gauche ou la droite ne vous fera rien voir de plus, à moins que vous ne soyez sous l’emprise d’une quelconque substance illicite.


Dans ma té-ci c’est la sère-mi y’a rien à faire tout est en ruines

            On a emprunté le chemin de l’Inca originel, qui nous a tous mené, après 2h de marche dans un panorama idyllique, jusqu’à la Porte du soleil (sauf Julien, qui payait là le prix de son impertinence et se contentait de visiter dans le détail les majestueuses toilettes du Machu Picchu).


 La Porte du soleil (mais aussi de quelques nuages)

            L’après-midi, la plupart des autres touristes ayant levé le camp, on a pu profiter du site pour nous seuls ou presque, ce qui nous a permis de débusquer les nouveaux maîtres des lieux, à savoir les lamas, les mille-pattes géants et les lapins-écureuils.

Des oreilles de lapin, une queue d’écureuil, je vous présente le lapin andin (qui n’a rien de crétin)


Pause goûter


Quels visionnaires, ces Incas : ils avaient même prévu des tribunes pour accueillir les futurs nombreux visiteurs (lol mdr ptdr) !

            Voilà, je pourrais vous montrer des photos pendant des heures, même si elles ne rendent pas justice à la beauté du site et surtout à l’incroyable puissance mystique qu’il dégage, qui nous fait croire sans peine qu’on pourrait croiser un véritable inca au prochain coin de rue. C’est à regret que nous quittons les lieux, en nous jurant de faire partager notre visite au plus grand nombre et de revenir un jour.

            C’en est fini de notre tour du Pérou en 20 jours. Enfin quand je dis fini, j’oublie les 20h de bus entre Cusco et Lima, puis les 15h pour rallier Cajamarca et nous remettre péniblement au travail, portant ainsi notre total à 103h de bus ! Mais qu’est-ce que ça en valait le coup ! Après avoir vu ça on envisage sérieusement de s’acheter chacun une nouvelle paire d’yeux, histoire de s’assurer que ceux-là ne perdent pas une miette des images sublimes amassées lors de notre périple !
J’espère qu’à travers cette série d’articles vous aurez pu vous faire une idée des splendeurs de ce pays aux paysages si variés qu’ils n’ont en commun que leur beauté, et que malgré mes calembours intempestifs vous aurez pris plaisir à voyager un peu avec nous. Nous en tout cas avons vécu une expérience véritablement unique, et c’est un bonheur de vous la faire partager.

NG

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