jeudi 3 mai 2012

Les bronzés font du ski dans les Andes


Bonjour à tous, amis lecteurs de l’autre bout du monde ! Nous n’avons pas donné de nouvelles ces derniers temps, et pour cause, nous nous étions lancés dans une infernale visite touristique des sites majeurs du Pérou en à peine plus de deux semaines. Défi réussi, et nous allons de suite vous faire partager cette expérience inoubliable, à travers une série d’articles nous l’espérons richement illustrés (si la connexion internet veut bien nous le permettre). Vous pourrez ainsi vous immerger au mieux dans la beauté et le mystère de ce pays à nul autre pareil, terre d’histoire, de contrastes et de gigantisme (vous l’aurez compris, ce voyage sera lyrique, bucolique et plein d’autres trucs en -ique).
               
1ère étape : Huaraz et la Cordillère blanche

        Notre périple a bien failli ne jamais avoir lieu : le hasard faisant bien les choses, nous avions sans le savoir programmé notre départ de Cajamarca le jour d’une importante manifestation contre l’exploitation minière de la région. Barrages de police, axes principaux coupés par les grévistes, on a bien cru ne pas pouvoir quitter la ville. Mais l’armée est intervenue et a vite dispersé les manifestants, nous rappelant que le respect des libertés individuelles est encore tout relatif dans cette partie du monde…
                Après ce triste épisode, nous avons avalé d’une traite nos 6 premières heures de bus (qui allaient en appeler bien d’autres) afin de rejoindre la chaude Trujillo, un peu plus au sud sur la côte. La ville n’a constitué pour nous qu’une brève escale, nous n’avons donc pas eu le temps de profiter de ses plages réputées, mais nous avons tout de même pu vagabonder dans son agréable centre à l’architecture coloniale.

 La Plaza de Armas de Trujillo

                11h de bus et quelques navets (précision : il n’est pas question de légume ici) plus tard, nous, nos bagages, nos espoirs et notre odeur corporelle prononcée rejoignons enfin notre première étape : Huaraz, au sein de la Cordillère blanche. La ville en elle-même ne présente pas de charmes particuliers, mais quel cadre mes enfants ! Nous sommes entourés de pics éternellement enneigés, dont le mont Huascarán, 6 700 m au garrot tout de même, ce qui en fait le deuxième plus haut sommet du continent américain et le plus haut sommet tropical du monde, excusez du peu. A côté, les Alpes paraitraient presque minuscules. A peine descendus du bus, on se met en quête d’un hôtel et on se retrouve enrôlés dans un circuit touristique de trois jours. C’est là qu’on se rend compte de l’intérêt de voyager hors saison : les agences de tourisme ayant beaucoup de mal à faire le plein, elles n’hésitent pas à venir à notre rencontre dès notre arrivée et à nous proposer les meilleurs prix (que nous négocions à la baisse quand même, coutume oblige. Bizarrement, nous n’avons eu aucun mal à assimiler cette pratique. Allez comprendre.).

 Huaraz et ses glaciers

                Premier jour, direction le site archéologique de Chavín de Huántar, centre cérémoniel pré-colombien majeur datant de 1200 av. J.C. Pyramide du soleil et de la lune, galeries labyrinthiques enterrées sous le temple, grande place rectangulaire, autel sacrificiel, pierres sculptées représentant des divinités à tête de serpent ou de félin… L’endroit est grandiose et énigmatique, et cette civilisation conserve encore une grande partie de ses mystères. Seul point noir, le guide a refusé de nous faire une démonstration de sacrifice rituel sur la personne de Julien, sous prétexte que les Chavín n’offraient à leurs dieux que des animaux. Dommage.

Complexe archéologique de Chavín (au fond, restes de la pyramide)

                Si le site en lui-même est très impressionnant, la route qui y mène l’est tout autant. Serpentant parmi les monts gigantesques, elle joue les montagnes russes, changeant brutalement d’altitude, et offre à la vue des paysages magnifiques (notamment un lac de montagne aux eaux émeraude dont j’ai perdu le nom). L’état pour le moins dégradé de la chaussée rajoute au charme du parcours, et c’est sans hésitation qu’on offre une petite pièce au courageux armé d’une pelle qui nous fraye un chemin au milieu des éboulis. Le voyage, assez long, a aussi été le théâtre d’un échange culturel passionnant avec notre guide péruvien, un argentin et un allemand, chacun apportant son point de vue sur nombre de sujets plus ou moins philosophiques. Morceau choisi : le guide nous demande quel a été le dernier conflit armé en France. Ce à quoi on répond en riant : « bin c’était avec l’allemand du siège de derrière… ». Vraiment enrichissant.

Vue du lac, qui porte visiblement le doux nom de Querococha

                Le deuxième jour, visite de nombreux sites d’intérêt. Je vous les cite en vrac. Carhuaz et ses surprenantes glaces à la bière, au vin ou au pisco (véridique). Comme quoi, l’abus de sucreries est vraiment dangereux pour la santé, la preuve on peut même finir saoul. Yungay, presque entièrement enseveli et détruit suite au tremblement de terre de 1970, celui-ci ayant provoqué la chute d’un morceau de glacier accompagné de coulées de boue. Seule la colline surmontée d’un grand Christ blanc a été épargnée et a pu abriter quelques rares survivants. Elle accueille désormais le cimetière, même si nombre de tombes anonymes ont été érigées au hasard sur les restes du village laissé en l’état. On peut distinguer les vestiges de l’église et une carcasse de bus de l’époque, entourés de 25 000 fleurs plantées là pour rendre hommage à chacune des victimes.

 Yungay, ses fleurs, ses monuments commémoratifs et au fond le Christ blanc

Balade autour de la lagune de Llanganuco et ses eaux vertes, au sein du parc national Huascarán, cernée d’imposants glaciers (nevados en espagnol) et de curieuses formations végétales.

La lagune de Llanganuco et sa végétation singulière

Et enfin petit arrêt dans la boutique d’un artisan travaillant encore avec un vrai tour de potier. Bref, une journée variée et riche en émotions.

                Pour notre dernier jour au cœur de la Cordillère blanche, nous avons gravi le glacier de Pastoruri. Pour y parvenir, marche d’une demi-heure sous une tempête de fine grêle. A 5 200 m d’altitude, la respiration est difficile, et nous progressons lentement. Mais le glacier aux reflets bleutés et aux courbes aguicheuses méritait bien un petit effort, jugez-en par vous-mêmes.

Un sourire devant le glacier s'il vous plaît

Sur le chemin, on croise un cadre idyllique protégé par le Parc National, entre les sources d‘eau gazeuse jaillissant au milieu des herbes rases, les peintures rupestres et les forêts de Puya raimondi, broméliacées (famille des ananas) géantes ressemblant à s’y méprendre à de superbes chibres (ou phallus pour les incultes) de 6 à 10 m de haut !

Vous avouerez que la ressemblance est frappante (pour l'échelle, vous référer au charmant jeune homme sur la droite de la photo)

                On laisse là la Cordillère blanche et ses paysages de carte postale pour rejoindre, moyennant 6h de bus supplémentaires, la capitale Lima et sa brume légendaire. On y reste un jour pour accueillir Maxime, le frère de Clément, qui nous accompagne pour la suite du tourisme (j’espère qu’il mesure sa chance), puis on repart jusqu’à Paracas, sur la côte sud, où nous attendent d’autres images inoubliables.

NG

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